lundi 22 mars 2010

Un bout de chemin avec Mano Solo


Faire un bout de chemin avec Mano Solo, c’est l’entendre par exemple pour la première fois dans un camp militaire. Un appelé, comme nous, un de ces derniers à devoir faire son service, était chargé du bar où, après notre journée de plan Vigipirate, nous venions boire quelques bières. La marmaille nue était son album préféré, et il le mettait souvent en fond musical. Nous, nous étions chargés la journée de surveiller les pylônes d’une centrale électrique alimentant les chaînes de télévision pour la diffusion de la coupe du monde de football. Et le soir c’était Mano qui dans nos oreilles déversait « Au creux de ton bras » pendant que nous, nous levions le coude à la nouvelle journée passée.
Deux ans plus tard, j’ai d’abord rejeté Dehors. Ce cadeau me rappelait probablement trop le temps de ce service qui fut trop long. Et puis je l’ai mis un jour dans ma chaîne hi-fi. C’est probablement l’album que j’ai le plus écouté de tous ceux que je possède. Ensuite ce fut l’impatience du prochain, et il se fit un peu attendre Mano avant de nous offrir Les animals. Les affiches de la très belle pochette d’In the garden annonçant son concert un peu partout dans la ville, sur les « panneaux sucettes » et les arrêts de bus. Je l’aurais au moins vu une fois. Et puis celles de son dernier album dans le métro, de son dernier concert. J’ai eu en cadeau Rentrer au port pour Noël. Le 10 janvier Mano partait.
Je sais que je vais continuer à chercher les chemins de Mano. Déjà, je suis allé prendre un thé aux Enfants rouges, j’ai baguenaudé de la place Clichy à Barbès, je me suis arrêté sur un pont et j’ai regardé le coucher de soleil sur le périph’, et quand je le longe en train, je pense à lui en regardant le canal du Midi. Je sais qu’un de ces quatre j’irais me balader dans d’autres lieux qu’il a chantés. Au fur et à mesure que ma vie avancera, je me promènerai aussi, je le sais, autrement dans ses mots, car il en est ainsi de toute belle écriture poétique, qui telle un phénix, se renouvelle en permanence.

1 commentaire:

  1. Tu ne m'avais pas parlé de lui à l'époque...mais je me souviens de cet épisode "pylone électrique" et surtout du temps difficile pour toi pendant tous ces mois...

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