lundi 22 mars 2010

La couleur de l’aube, Yanick Lahens, roman

Au dernier salon du livre de Paris, en mars 2009 donc, je me suis approché du stand des belles éditions Sabine Wespieser. Comme à l’habitude dans ce genre de manifestation, un livre placé en tête de gondole à moult exemplaires, et à une table ronde à côté, une dame discrète, l’auteur sans aucun doute, qui était là pour la séance de signatures. J’ai d’abord saisi un livre dans la pile, et trouvant le résumé intéressant et le titre attirant, La couleur de l’aube, je suis allé vers Yanick Lahens. Nous avons commencé à discuter, elle m’a dit qu’elle était venue exprès pour recevoir un prix. Je la félicitais naïvement car elle m’était parfaitement inconnue. Pour vous aussi peut-être, et pourtant je vous recommande ce très beau livre, qui avant le cataclysme qu’a subi son île, raconte la vie quotidienne, âpre et violente d’une famille, de deux sœurs, Angélique et Joyeuse, qui attendent le retour à la maison de leur jeune frère Fignolé. Par le croisement de leurs monologues intérieurs, par le quotidien de chacune au cours d’une journée à Port-au-Prince, Yanick Lahens peint de manière poétique la terrible réalité haïtienne. Comme le dirait Hugo, elle fait ressortir de la boue des rues sordides de la capitale haïtienne des perles d’humanité.
Un des mes premiers réflexes après le tremblement de terre fut de me renseigner par le biais d’internet sur son état de santé, et je fus rassuré de la savoir toujours vivante. Elle a même écrit une lettre ouverte, et je ne peux m’empêcher de citer ses mots : « Cet événement si éprouvant soit-il n’est pas parvenu à éteindre l’écrivain en moi qui se pose aujourd’hui plus que jamais les questions suivantes: quoi écrire et comment écrire ? (…) écrire ce n’est pas seulement tracer des mots, “il faut être plus fort que soi pour aborder l’écriture, il faut être plus fort que ce qu’on écrit”. J’essaie en ces jours difficiles d’accumuler un peu de cette force pour transcender l’événement et arriver de nouveau vers mes lecteurs avec des mots qui sauront les toucher comme des mains. »

Lien : http://papalagi.blog.lemonde.fr/2010/02/10/comment-ecrire-et-quoi-ecrire-yanick-lahens/#xtor=RSS-32280322

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