vendredi 2 avril 2010

Miossec, Olympia, Paris, 24 mars 2010

Quand on suit un chanteur depuis ses premiers albums, quand on a passé toute la première partie de sa vie d’adulte à écouter ses textes âpres et poétiques, on ne peut qu’être impatient de le voir pour la première fois sur scène, d’autant plus lorsqu’il s’agit de l’Olympia. Cependant, quand on sait que ce dernier est capable d’arriver devant son public dans un état d’ébriété avancé, ne tenant même pas sur une chaise et terminant le concert couché par terre ; quand celui-ci, breton avant tout, a déjà demandé au public de la capitale s’il y avait des parisiens dans la salle, et après les cris enthousiastes, lui gueule : « Vous devriez avoir honte ! », on peut raisonnablement avoir quelques craintes sur le déroulement de la soirée.

Il entre sur scène en s’aidant pour marcher d’une petite canne noire dont le pommeau lui arrive à la hanche. On se dit à le voir qu’il est probablement moins heureux que nous de se retrouver là, qu’il doit se sentir mieux dans son Finistère à écrire ses chansons plutôt que de faire la tournée de promotion de son album. Il commence à chanter, la voix est au rendez-vous, les textes pas toujours… En effet, on remarque un chevalet qui ne semble pas seulement là pour le bel hommage à Bashung en Osez Joséphine, mais également pour ses propres compositions. Ignore-t-il que pour nombre de ses admirateurs chacune de ses chansons est belle par l’agencement précis de ses mots, et que de le voir répéter deux fois à la suite le même couplet fait un peu mal au cœur. Lui qui cite volontiers les poètes, et notamment Georges Perros ; lui qui a, cela se sent, l’amour des mots, semble ne pas tenir à « sacraliser » ce qu’il écrit et n’y prête donc pas attention.

Comme on aimerait cependant qu’il croit plus en lui et en ses textes. Peut-être n’aurait-il pas de ce fait à se défendre face à ces fans qui ne lui demandent que des chansons de ses deux premiers albums, comme si, dit-il lui-même, le meilleur de sa carrière était il y a 15 ans. Cependant, au fur et à mesure que le concert se déroule, il se passe quelque chose. Les chansons de ses deux derniers albums ressortent étrangement et lorsque le concert se termine, on n’a qu’une hâte, celle de réécouter L’étreinte et Finistériens.

« La mélancolie c’est communiste, tout le monde y a droit de temps en temps », merci à vous Christophe de partager la belle « vôtre » avec nous.