tag:blogger.com,1999:blog-23047407657266536222024-03-18T20:45:55.868-07:00La culture de pierreFestina lentePierrehttp://www.blogger.com/profile/13538476702285877214noreply@blogger.comBlogger14125tag:blogger.com,1999:blog-2304740765726653622.post-71647103919654699542013-03-20T03:49:00.003-07:002013-03-20T04:21:59.442-07:00Istanbul d'Orhan Pamuk<div style="text-align: right;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3_1fxXf7PJNi7iUlSe7Ht1yEcQYcw7dxLPLbM2BHXC8WAEJj_cEnUCQ9sQGwl0F8U8eypP5-JztQTade6V2nC512wvclW6MJYLaeJnaSAF6zjGfdDwGLA6T7D58HbmZdFS8qXhketREM/s1600/PAMUK+Istanbul.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img alt="" border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3_1fxXf7PJNi7iUlSe7Ht1yEcQYcw7dxLPLbM2BHXC8WAEJj_cEnUCQ9sQGwl0F8U8eypP5-JztQTade6V2nC512wvclW6MJYLaeJnaSAF6zjGfdDwGLA6T7D58HbmZdFS8qXhketREM/s1600/PAMUK+Istanbul.jpg" height="320" title="© Folio Gallimard" width="193" /></a></div>
<div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
<span style="font-size: small;">Istanbul n’est pas une description de la ville, encore moins un récit de voyage, ce sont
essentiellement les souvenirs d’enfance d’un auteur immense, prix Nobel de littérature en 2006,
dont la vie se fond et se confond avec l’histoire de sa ville natale.</span></div>
<div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
<br /></div>
<div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
<span style="font-size: small;">Tout le livre est bercé par la mélancolie suite à la chute. Chute de l’empire ottoman et donc de sa
capitale Istanbul, chute de la famille Pamuk au sens large, le père et ses deux frères dilapidant à
coup de mauvaises affaires la fortune de leur père, ainsi que sur le plan nucléaire, les relations du
père et de la mère se délitant progressivement durant les années de jeunesse du jeune Orhan. </span></div>
<div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
<br /></div>
<div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
<span style="font-size: small;">Le terme de “mélancolie” est toutefois réducteur. L’auteur explique que son pendant turc, le hüzün,
“trouve son origine dans un sentiment de manque dû à notre trop grand éloignement de Dieu”. Tout
sentiment de perte ou d’absence a dès lors quelque rapport avec la difficulté de se rapprocher, sinon
d’une divinité, du moins d’un idéal. Le hüzün n’est donc pas un sentiment négatif, car même si
l’objectif est impossible à atteindre, il est positif de tendre vers celui-ci. Cette particularité du hüzün
est essentielle, car pour Orhan Pamuk ce sentiment est “intériorisé avec fierté” par les habitants
d’Istanbul qui le projettent sur leur vision même de la ville. Cela relève à la fois de l’admiration
et de la compassion des Stambouliotes envers leur cité et tout ce qui la forme, le Bosphore, les
mosquées, les couchers de soleil et aussi bien évidemment envers eux-mêmes. </span></div>
<div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
<br /></div>
<div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
<span style="font-size: small;">Il est rare qu’un écrivain nous fasse autant entrer dans son intimité, non seulement par son texte,
mais aussi parce que dans son édition originale comme dans sa version de poche, le lecteur
découvre dans ce livre autant de visuels d’Istanbul que de photographies d’Orhan et de sa famille.
L’illustration prend ici un sens tout à fait particulier et renforce à chaque page la pensée de l’auteur.
Les nombreuses vues en noir et blanc d’Istanbul accentuent par exemple le sentiment du hüzün
qu’il cherche à retranscrire. Des rapports se créent en outre entre les différentes photos, et ce n’est
certainement pas un hasard si la première est un portrait un brin mélancolique de Pamuk enfant,
la seconde une vue panoramique en noir et blanc d’Istanbul et la troisième une photo représentant
Orhan mais cette fois-ci dans les bras de sa mère, sur le balcon de leur appartement et regardant
la ville. Istanbul devient dans ce jeu de correspondance un lieu matriciel aussi important dans la
construction de la vie de l’écrivain que sa famille elle-même. Orhan Pamuk vit d’ailleurs toujours,
comme dans un jeu de cercle concentrique dont il serait le centre, dans l’immeuble familial en plein
cœur d’Istanbul. </span></div>
<div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
<br /></div>
<div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">
<span style="font-size: small;">Comme dans un conte, puisque nous sommes au pays des mille et une nuits, la destiné, qui peut
s’avérer parfois tragique, est pourtant toujours contrebalancée par la face positive du hüzün. Ainsi
dans le chapitre intitulé “Les bateaux qui passent sur le Bosphore, les incendies, la pauvreté, les
changements de maisons et autres catastrophes”, Pamuk nous explique-t-il que la mort dans le
Bosphore, plus que la découverte dans les années 70 de se jeter du haut du pont qui l’enjambe, suit
une voie tout à fait particulière qui est d’y précipiter volontairement ou non sa voiture. Il rappelle
d’ailleurs qu’un journal fournit à une époque un petit guide illustré expliquant comment se sortir
de sa voiture si jamais celle-ci tombait dans le détroit – le problème étant que les portes d’une
voiture qui s’enfonce dans l’eau ne peuvent plus s’ouvrir. Ironisant un peu sur les chances de survie,
Orhan Pamuk conclue par ces mots : “Et si vous savez nager, une fois que vous aurez émergé, vous
remarquerez immédiatement à quel point, malgré toute la tristesse de la ville, le Bosphore et la vie
sont beaux”.</span></div>
Pierrehttp://www.blogger.com/profile/13538476702285877214noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2304740765726653622.post-21657392007397306852012-10-17T13:46:00.001-07:002012-10-18T05:12:33.262-07:00God bless America<style>
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<br />
<div class="MsoBodyText">
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satyrique de Bob Goldthwait qui se propose, par l'action de ses personnages
principaux, de tuer les cons. Bien évidemment ce titre est à prendre à l'exact
opposé du sens qui lui est donné habituellement, ou peut-être faut-il le lire
d'une autre manière. En effet, cette phrase est perpétuellement galvaudée par
tous les discoureurs, politiques et autres soit disant bien pensants qui se
réfugient derrière cette sentence aux accents religieux pour mieux cacher leurs
multiples exactions. "Nous allons faire la guerre contre l'Irak, que Dieu
bénisse l'Amérique ! Nous allons continuer à laisser les traders mettre à sac
l'économie mondiale, que Dieu bénisse l'Amérique ! Nous allons persévérer dans
la destruction des ressources naturelles de la planète en produisant des
céréales transgéniques, en exploitant le gaz de schiste, en soutenant des
régimes politiques totalitaristes dans les pays sous-développés pour profiter
de leurs gisements pétroliers... Que Dieu bénisse l'Amérique !" </div>
<div class="MsoBodyText">
Mais comment contrôler les esprits d'une population qui
pourraient se révéler critiques ? Il suffit d'utiliser au maximum le temps qui
leur servirait normalement à la réflexion, ou tout comme le disait si bien Patrick
Le Lay, ancien PDG de TF1, "<span class="st"><span style="mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">ce que nous vendons à
</span></span><i><span style="font-family: Cambria; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">Coca</span></i><span class="st"><span style="mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">-</span></span><i><span style="font-family: Cambria; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">Cola</span></i><span class="st"><span style="mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">,
c'est du </span></span><i><span style="font-family: Cambria; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">temps</span></i><span class="st"><span style="mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"> de cerveau humain
disponible". Mais ce temps ne doit pas seulement servir à la publicité, il
faut aller plus loin et l'abrutir le plus possible pour obtenir un peuple qui
soit totalement malléable. Comme le dit Frank, le héros du film, il fallait de
nouveau jeux du cirque, et voilà la télévision qui outre le matraquage publicitaire
offre à voir aux spectateurs des émissions plus bêtes les unes que les autres.
Flatter la bêtise est une preuve d'intelligence, et ceux qui nous
"gouvernent" l'ont bien compris. <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>On reproduit des lynchages de personnes, et
pas besoin de gladiateurs pour cela, la téléréalité ne manquent jamais de
personnes étant prêtes à s'avilir rien que pour un peu de temps d'antenne.
Quant au public, plus besoin d'être dans une arène et de lever ou de baisser le
pouce, ce dernier sert à envoyer des sms qui scellent en quelques secondes
l'existence télévisuelle de tel ou tel candidat. </span></span></div>
<div class="MsoBodyText">
<span class="st"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">God
bless America</span></i></span><span class="st"><span style="mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"> n'est pas le premier
film qui annonce ou montre d'où viennent ces dérives. Il y a eu notamment <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Prix du danger</i> d'Yves Boisset ou <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Running Man</i> de Paul Michael Glaser qui
sur une même trame prédisaient la possible dérive des jeux télévisés en jeux du
cirque ou être victorieux signifie rester en vie - est-on bien loin de cela
avec des jeux comme Koh-Lanta ? Plus récemment, le film de Georges Clooney <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Confession d'un homme dangereux</i> montrait
comment un producteur d'émissions télévisées qui a vraiment existé, Chuck
Barris, créa avec le plus profond mépris pour les candidats venant y participer
certains des jeux les plus populaires du petit écran comme <i style="mso-bidi-font-style: normal;">The Dating Game</i> (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tournez
manège</i> en version française), et affirma être en même temps un tueur à
gages pour la CIA qui se servait des voyages gagnés par les candidats dans ses
émissions pour aller effectuer ses contrats, en Europe généralement. Mythomane
ou non, cela montre la collusion bien connue, mais en général moins extrême,
tout du moins d'après ce que l'on en sait, entre la télévision et la
manipulation plus directe de la population par les services des états commettant de véritables crimes. Nous avons
eu en France à peu prêt le même cas de personne avec Philippe de Dieuleveult,
animateur de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La Chasse au trésor</i> et
qui meurt au Zaïre dans des circonstances qui restent encore troubles. Très probable
agent de la DGSE, les services secrets français, il se serait donc servi de son
émission pour effectuer diverses missions à travers le monde...</span></span></div>
<div class="MsoBodyText">
<span class="st"><span style="mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Mais bon, revenons à nos moutons, ou
plutôt à nos deux loups qui refusent de hurler avec la meute. Frank et Roxy,
une jeune lycéenne qui le rejoint dans sa croisade forcément impossible
d'élimination des cons, parcourent sans véritable but les routes d'une Amérique
qui, plus qu'en perte de vitesse économique, est en perte dramatique de valeurs,
tout cela et pour ne point se faire remarquer au volant d'une Ford Mustang
jaune canari ! Car ce film, s'il dénonce notamment les dérives de la
téléréalité, ne doit pas être vu au premier degré, et les scènes les plus
sanguinolentes fleurent bon la série triple Z. Le parcours des deux personnages
sert en fait à introduire des moments de dialogues entre eux ou avec des tiers
(collègue de bureau, présentateur télé vicieux, caméra...) qui dénoncent la
bêtise de notre époque. Pourtant, et le personnage de Frank le montre bien, la
limite entre lui et certains cons est parfois bien minime, et sa révolte est la
réponse extrême à une situation où la plupart des gens ne font finalement que
courber l'échine face à des situations qu'ils ne savent plus gérer (comme le
nouveau mari de se femme avec sa propre fille). </span></span></div>
<div class="MsoBodyText">
<span class="st"><span style="mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";">Le film prend la connerie par tous les
bouts, montre qu'elle n'épargne aucune classe sociale, et que l'on soit jeune
ou vieux, riche ou pauvre, médecin ou lycéen, quand on est con, on est con
comme le disait le grand Georges (Brassens, pas Clooney, je le signale pour les
cons). Et parler avec un con, à part que par moment cela peut servir de
défouloir, ne peut en rien le changer, outre de donner un peu plus d'eau au
moulin de sa connerie. Comme je l'ai lu un jour sur le tee-shirt d'un loueur de
vélos, "Je ne parle pas aux cons, ça les instruit", je suis bien
d'accord avec lui.</span></span><br />
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/a0Ir1U-6o98?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe></div>
<br /></div>
Pierrehttp://www.blogger.com/profile/13538476702285877214noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2304740765726653622.post-7328379187005045262012-06-18T10:31:00.001-07:002012-07-22T08:31:09.324-07:00Le chant des pistes<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuXdR6o-I07FCFeBuxVp7gylukZeRgfs12ZRkRj7S7WnlAAsE0TLCCH8YpB6H5Brgv4Suv_pNTNAS4MxHxNa-J6Q4xNigdkuWHslr9DrQhUoRWgdbioGNXoFfb2PrejRPIDmpRKup97ks/s1600/Le+chant+des+pistes.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuXdR6o-I07FCFeBuxVp7gylukZeRgfs12ZRkRj7S7WnlAAsE0TLCCH8YpB6H5Brgv4Suv_pNTNAS4MxHxNa-J6Q4xNigdkuWHslr9DrQhUoRWgdbioGNXoFfb2PrejRPIDmpRKup97ks/s320/Le+chant+des+pistes.jpg" width="197" /></a></div>
Étrange parcours que celui de Bruce Chatwin. Né en Angleterre en 1940, il devient au début des années 1960 expert en art chez Sotheby’s, salle de ventes mondialement connue. Des problèmes de vue interrompent sa carrière et après avoir hésité à reprendre des études en archéologie, il se met à voyager. De ses périples vont naître des récits de voyages empreints d’ethnologie et d’humanisme.<br />
<i>Le Chant des pistes</i> nous entraîne à la rencontre des aborigènes d’Australie et de la tradition des walkabout. Il arrive à ceux-ci de partir un jour, de traverser la moitié de l’Australie à pied, puis de revenir à leur point de départ, presque comme si de rien n’était. Le plus étonnant étant qu’ils parcourent sans aucune carte des contrées à moitié désertiques, et qu’il ne se perdent pas. C’est parce qu’ils suivent des itinéraires chantés. <br />
Pour comprendre ces <i>songlines</i>, il faut tout d’abord connaître les bases de la mythologie aborigène, qui parle « d’êtres totémiques légendaires qui avaient parcouru tout le continent au Temps du Rêve. Et c’est en chantant le nom de tout ce qu’ils avaient croisé – oiseaux, animaux, plantes, rochers, trous d’eau – qu’ils avaient fait venir le monde à l’existence ». Chaque aborigène possède un être totémique (souvent un animal, réel ou mythologique) déterminé par son lieu de naissance ou révélé à ses parents en rêve. Ainsi, lors de leurs <i>walkabout</i>, les aborigènes partent sur les traces de leurs ancêtres, et en chantant leur terre, ils participent ainsi à l’immanence de l’univers.<br />
L’itinéraire s’apprend jeune, auprès de sa mère qui peut le dessiner en faisant des pointillés dans le sable (chaque point représentant un pas) puis en l’effaçant, car il possède un caractère sacré. C’est lors de cérémonies appelées <i>corroborees</i> que sont réalisés les véritables dessins qui représente à la fois l’être totémique et l’itinéraire. En outre, chaque aborigène se doit de posséder un <i>tjuiringa</i>, « plaque de forme ovale à ses extrémités, faite de pierre ou de bois de mulga, et gravée de figurations représentant les voyages de l’ancêtre du Temps du Rêve de son propriétaire ». Un homme qui n’a jamais vu son <i>tjuringa</i> est considéré comme un homme perdu.<br />
Ces mystérieuses pistes, Bruce Chatwin les suit en compagnie d’Arkady, blanc australien passionné par la culture aborigène. Ce dernier les étudie pour aider à la construction d’un chemin de fer reliant Alice à Darwin, afin d’éviter les sites sacrés. Or, et c’est là qu’il y a un choc des civilisations entre les populations autochtones et celles colonisatrices du territoire, pour les aborigènes c’est le pays entier qui est sacré. L’homme est engendré du sein de la terre, espace sacré qui ne doit pas être profané, ni par une route, ni par une voie de chemin de fer et doit être seulement parcouru « d’un pas léger ». Toute terre qui n’est pas chantée est considérée comme une terre morte.<br />
Combien de peuples peuvent se prévaloir de connaître aussi bien leur terre que les aborigènes d’Australie ? À ce titre, un des passages les plus émouvants est quand un vieil aborigène, Lympi, demande à Arkady de l’emmener en voiture à la Cycad Valley, « lieu de la plus haute importance pour son itinéraire chanté et où il ne s’était jamais rendu ». Le Rêve ou être totémique de Lympi est le dasyure, petit marsupial dont l’espèce a disparu. Alors qu’ils arrivent dans la vallée, le vieux se met à marmonner des choses à toute vitesse. Arkady comprend qu’il est sur son chemin et réduit la vitesse du véhicule à 5 km/h, la cadence d’un homme qui marche. « Instantanément Lympi accorda son rythme à celui de la nouvelle vitesse. Il souriait. Sa tête se balançait d’un côté et de l’autre. Le son devint une belle mélodie frémissante ; et l’on sut qu’il était le Dasyure ». <br />
<h2>
</h2>
<br />Pierrehttp://www.blogger.com/profile/13538476702285877214noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2304740765726653622.post-91318173393720346622011-09-22T14:01:00.000-07:002011-09-22T14:07:13.098-07:00Une traversée<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWDIdr3mYh47cRgx1tKpE6eFXvpnaIPxIlQ9FUPrI3IUCaUX9YrpkkusMGaAH-LYzOXrBxnqfrazeq42uZnPJ2Nv46zEeNH6x3prWDrK8KN7Ls6qLOyj4W5MWagfo7jkWuDIakeVj2voY/s1600/P1010006.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWDIdr3mYh47cRgx1tKpE6eFXvpnaIPxIlQ9FUPrI3IUCaUX9YrpkkusMGaAH-LYzOXrBxnqfrazeq42uZnPJ2Nv46zEeNH6x3prWDrK8KN7Ls6qLOyj4W5MWagfo7jkWuDIakeVj2voY/s320/P1010006.JPG" width="240" /></a></div>Nous sommes partis à pied de la limite entre la Haute-Vienne et la Corrèze, d'un petit village qui s'appelle Domps. C'est un nom que j'aime bien, on dirait une onomatopée des cloches du village quand elles se mettent à sonner.<br />
Nous avons traversé beaucoup de forêts, comme celle-ci où les troncs recouverts de mousse semblent porter de longs manteaux de peau verts.<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPxaIHcG2MqIjVe20r2YI8Znp5eSJt7ByNcA0HmUYvysihxgPPe-sO1ZyUJrfXuSgq9fZS9XQpNc-2Z_g24vMTcEnQx4c-R9HaVk5VhqwdL56PPl5UHB_hGBDxuiJGemitK8UeaXlS8rc/s1600/P1010014.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPxaIHcG2MqIjVe20r2YI8Znp5eSJt7ByNcA0HmUYvysihxgPPe-sO1ZyUJrfXuSgq9fZS9XQpNc-2Z_g24vMTcEnQx4c-R9HaVk5VhqwdL56PPl5UHB_hGBDxuiJGemitK8UeaXlS8rc/s320/P1010014.JPG" width="320" /></a>Nous avons après Treignac, un très joli village, passé le massif des Monédières, et nous nous sommes arrêtés à un de ses points culminants à cette pierre branlante, dite Pierre des druides.<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhMTjnao1wj54vMNQMstgqiHcJeGoUF0G9nmzA4T1xZSA0QxMDh2R-i9nImMEmpoBmqJXMlw3BfB9Oi86FhejxyOWfcyFQfIVuAx_rX6mEYqHYRUgAYKpdb_SzXng2pYCTFqh_toanlhSE/s320/P1010017.JPG" width="240" /></div><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjmBAzLq4R6FDQoGmhisTfNeCa1AnSQ0BHgPD129lPb61i5XGziu4pV4euZsWjMrDGkD5L0l626WWAbWLGUEDGKBufvMKArIFXzApX26kaEIOxeWZqUbiIpOi2AS-T1yj7WvhXSipQ6is/s1600/P1010021.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjmBAzLq4R6FDQoGmhisTfNeCa1AnSQ0BHgPD129lPb61i5XGziu4pV4euZsWjMrDGkD5L0l626WWAbWLGUEDGKBufvMKArIFXzApX26kaEIOxeWZqUbiIpOi2AS-T1yj7WvhXSipQ6is/s320/P1010021.JPG" width="320" /></a><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEio6m7pXm5sV6NTC4cu7L5xZ-Ur7TFOOA8srEg1uOgy6yR01QSZaosB9XGquMING8UXn-lwcN7tBTaQ2ZnBQG4q2e3L-RbajZTkFhtnDZ84JePHSx8XxSZLyURZYsmj5KJkx8FDkZleDZM/s1600/P1010025.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEio6m7pXm5sV6NTC4cu7L5xZ-Ur7TFOOA8srEg1uOgy6yR01QSZaosB9XGquMING8UXn-lwcN7tBTaQ2ZnBQG4q2e3L-RbajZTkFhtnDZ84JePHSx8XxSZLyURZYsmj5KJkx8FDkZleDZM/s320/P1010025.JPG" width="240" /></a></div><br />
Nous avons fait de petites rencontres au cours de notre chemin. La plus petite d'entre elle était un chaton qui nous a suivi tout un moment. Nous l'avons baptisé, durant les quelques minutes de notre chemin commun, du nom du village que nous venions de traverser : Madranges.<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjOzNMxA7ZuZH-uKDhwK974SD5FnpAug5fgPJJa_qzr-7DoK89PvHt12kDmuWIrMMMh886s50rbeMsEqVbZjuFh42gwRDmV7uuzXpz2SVIv4dFAxlaOHZfC93NZo5rfAW8qhNnuoeuHf0/s1600/P1010039.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjOzNMxA7ZuZH-uKDhwK974SD5FnpAug5fgPJJa_qzr-7DoK89PvHt12kDmuWIrMMMh886s50rbeMsEqVbZjuFh42gwRDmV7uuzXpz2SVIv4dFAxlaOHZfC93NZo5rfAW8qhNnuoeuHf0/s320/P1010039.JPG" width="320" /></a>Il était normal, en traversant la Corrèze, d'en suivre un moment le cours, et c'est ce que nous avons fait alors que notre étape nous menait en direction de Tulle.<br />
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Et bien évidemment, nombreux sont les troupeaux de belles vaches limousines que nous avons rencontrés un peu partout dans les prés.<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5wIaoZ2agQI2sodAU8e6ac9xVI-G_5hFWgeCKFTytvnVBSXzWfdAtGznONyoBq1q209AVspRHzdziGTmx6LrYCA0rFLjKZwwkLjDhuMeDF4aJivbNjZ0qNpXtRgaVlnyFSm74aEqpQeQ/s1600/P1010031.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg5wIaoZ2agQI2sodAU8e6ac9xVI-G_5hFWgeCKFTytvnVBSXzWfdAtGznONyoBq1q209AVspRHzdziGTmx6LrYCA0rFLjKZwwkLjDhuMeDF4aJivbNjZ0qNpXtRgaVlnyFSm74aEqpQeQ/s320/P1010031.JPG" width="320" /></a></div><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmoIeLyOSbXNTwhyFIvb_u_94dTrUO8P7yzLPINneVg9GthYIc0Mz3bPvIix1OEc1BxkxgMOu8i4eRLzHiBbKsc7I9AXHfEgo8cuymmClkc_cy_nBa6cJHUpR8SFoJyi8oAbn3DS2rZXA/s1600/P1010042.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmoIeLyOSbXNTwhyFIvb_u_94dTrUO8P7yzLPINneVg9GthYIc0Mz3bPvIix1OEc1BxkxgMOu8i4eRLzHiBbKsc7I9AXHfEgo8cuymmClkc_cy_nBa6cJHUpR8SFoJyi8oAbn3DS2rZXA/s320/P1010042.JPG" width="240" /></a></div>Les paysages de cette fin d'été étaient tout simplement magnifiques, les bruyères connaissaient le moment de leur plus haute floraison, le temps était chaud et doux et nous pouvions voir au loin toutes les collines et montagnes que nous avions déjà passées.<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhs-UgkutCzEJobWJXN3MDPuw14X7ywCNbcPJolNrHdx4ymZexWhsIJwIkTwBkAgMP3j4vOwObO6_A-hU2GU2hQ7mJ5YnXSHKHXVCQkpRd9hJtIbHZ6FBuatQ1UqrSADt4JCu_5j6BzBO4/s1600/P1010045.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhs-UgkutCzEJobWJXN3MDPuw14X7ywCNbcPJolNrHdx4ymZexWhsIJwIkTwBkAgMP3j4vOwObO6_A-hU2GU2hQ7mJ5YnXSHKHXVCQkpRd9hJtIbHZ6FBuatQ1UqrSADt4JCu_5j6BzBO4/s320/P1010045.JPG" width="240" /></a></div>Nos bâtons quittaient rarement nos mains, sauf au moment des pauses comme ici, au-dessus d'un cours d'eau, sur un pont où nous avons pique-niqué.<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"></div><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjuastu3rKdtuX33fL4Z9YK-gXEKyfWA2aemwG1TQYFJfd5_FPzXG7pr4M46aJ1C2XVrB5yLqU0m-GB6dhmq991RiAHIjGdWddAf7V8SK8WwmQPg-OafnaIcbs1bYb8tt-0OxUhh-HWTTQ/s1600/P1010058.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjuastu3rKdtuX33fL4Z9YK-gXEKyfWA2aemwG1TQYFJfd5_FPzXG7pr4M46aJ1C2XVrB5yLqU0m-GB6dhmq991RiAHIjGdWddAf7V8SK8WwmQPg-OafnaIcbs1bYb8tt-0OxUhh-HWTTQ/s320/P1010058.JPG" width="320" /></a></div>Notre dernière étape, nous la fîmes en canoë sur la Dordogne, en suivant les hérons et les martins-pêcheurs.<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhq8A_f9CeHtx1WVg7XjLJMKwvkIJtcyLkgIErum2Ih8AWnW7XsyjkdyUmwfIotwibAFA734Iwo_o7TjAszBpZg0b5fV_jX9MOe1n63GoavwbyFvZ5l1RrQoMHYH9cYeIbmb14WVKD3bqY/s1600/P1010070.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhq8A_f9CeHtx1WVg7XjLJMKwvkIJtcyLkgIErum2Ih8AWnW7XsyjkdyUmwfIotwibAFA734Iwo_o7TjAszBpZg0b5fV_jX9MOe1n63GoavwbyFvZ5l1RrQoMHYH9cYeIbmb14WVKD3bqY/s320/P1010070.JPG" width="240" /></a></div><br />
Beaulieu-sur-Dordogne, terme de notre périple, quand les orages menaçaient, à la limite sud de la Corrèze que nous venions donc de traverser.Pierrehttp://www.blogger.com/profile/13538476702285877214noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-2304740765726653622.post-37804679953595412052011-05-02T13:42:00.000-07:002011-05-02T14:33:33.413-07:00Trois bio<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8PAqcJogJVk73jsntoVjs2SjuJsQv42LmQ52A2iINbxkUdBztmkT2CGpZ1SSZHBoJLAzXXcOYo3t3VNzS8-hl0gLRJVvWAdFdPtev9e6pfa2HAsFc_LazbKXfVv_hbH_nTPrlMryf4d4/s1600/Sta%25C3%25ABl.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><br />
</a></div><div class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEja9_CBxOd7vfuLbe2szz-vHyIrMthm9m5Xplpc1ITEE0p8yWKe6S7LLe7Ue_N18uxWB8R4DTMH1XdmiMVNFYmcR6fw3TTbFQeOq3wpUXFXfa4JW9xpVx3DpbbDKJ_aczVhpaf_zZz3r2c/s1600/murakami.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEja9_CBxOd7vfuLbe2szz-vHyIrMthm9m5Xplpc1ITEE0p8yWKe6S7LLe7Ue_N18uxWB8R4DTMH1XdmiMVNFYmcR6fw3TTbFQeOq3wpUXFXfa4JW9xpVx3DpbbDKJ_aczVhpaf_zZz3r2c/s320/murakami.jpg" width="195" /></a> Il y a quelques semaines, je commençais <i>Autoportrait de l’auteur en coureur de fond</i> d’Haruki Murakami. J’ai découvert cet auteur tardivement, il y a deux ans environ, après qu’une amie m’ait conseillé la lecture de <i>La balade de l’impossible</i> (à voir très bientôt sur les écrans, adapté par Trần Anh Hùng, le talentueux réalisateur d’<i>À la</i> <i>verticale de l’été</i>). Je trouvais ce roman très beau, essayais d’en lire un autre, <i>La course au mouton sauvage</i> dans lequel je n’entrais pas vraiment et l’abandonnais en cours de lecture pour l’offrir à quelqu’un…</div><div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">Cette fois-ci je n’ai pas lâché ce petit récit qui parle de l’expérience de l’auteur en tant que coureur, mêlant à celui-ci tout plein de détails biographiques et notamment comment il en est venu à écrire après avoir tenu un club de jazz à Tokyo durant plusieurs années. Le titre de son avant-propos est en cela programmatique : « On choisit de souffrir ». Ce terme n’est pas celui d’un masochiste invétéré, mais d’une personne exigeante qui sait que pour la course comme pour l’écriture, il est question d’endurance et de labeur quotidien desquels se dégage, après des passages douloureux, le plaisir de l’accomplissement et de l’arrivée au but final. Ce qui compte, c’est la persévérance…</div><div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">J’ai par hasard enchaîné sur une autre autobiographie, celle d’un guide de haute montagne dont je venais de voir un des films consacré au peuple tibétain. Raymond Renaud, originaire des Hautes-Alpes, y livre à la fois son expérience de la montagne mais aussi, de manière pudique, les souvenirs d’une enfance douloureuse qui le poursuivent longtemps au cours de sa vie d’adulte. Rapprocher son récit de ceux de deux artistes, écrivain et peintre, n’a en soi rien de saugrenu, car il s’agit bien là d’un art et de l’un de ses représentants.</div><div class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPhYYlbeEJBE7gzr7Ro-rdGD3by4fWt1ONX8yeQ_XCnzSWk6idSBkZjlXzDmxqqs7Si7G6FzvY77f5vt6QzxE6984S-zONO7FrGHXXg6HUq4XTWq7GgGMOeqsmK6NmGmv6lr6YwEEIe0Y/s1600/raymond+renaud.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="207" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPhYYlbeEJBE7gzr7Ro-rdGD3by4fWt1ONX8yeQ_XCnzSWk6idSBkZjlXzDmxqqs7Si7G6FzvY77f5vt6QzxE6984S-zONO7FrGHXXg6HUq4XTWq7GgGMOeqsmK6NmGmv6lr6YwEEIe0Y/s320/raymond+renaud.jpg" width="320" /></a> Renaud ne vit pas son métier comme d’autres qui n’y voient qu’une suite de défis lancés envers la nature ou eux-mêmes : « la montagne est un monde de poésie dans lequel [il s’est] totalement fondu ». Car ce qui est important pour lui, tout autant que le but, c’est le cheminement et la façon même de se mouvoir sur la roche : « Nous touchons à l’esthétisme de l’escalade érigée subitement en une forme d’art ». Et puis il y a le courage, non pas celui qu’il faut pour gravir ou descendre une montagne, mais celui qui touche à l’abnégation quand, au péril de sa vie, il part sauver celles des autres. On peut parler bien évidemment de conscience ou de bonne conscience, mais seule la conscience qui se traduit par des actes a pour nom le courage.</div><div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">Une amie m’a conseillé ensuite la lecture de la biographie du peintre Nicolas de Staël, <i>Le Prince foudroyé</i>, de Laurent Greilsamer. Je me souviens encore de la première fois où j’ai vu un tableau de Staël. C’était en cours d’arts plastiques, au lycée, en classe de première il me semble. Nous étions assis autour d’une grande table rectangulaire, et notre professeur nous faisait passer des reproductions, sur des feuilles volantes ou des livres, des peintres dont elle nous parlait. À cette époque, je n’aimais guère la peinture abstraite. Et je ne peux pas dire que j’ai aimé d’emblée la peinture qui m’était présentée, <i>Le Lavandou</i>, mais quelque chose s’était posé sur ma rétine, et je ne pouvais plus désormais m’empêcher de revenir vers cette reproduction pour la regarder. Je n’arrivais pas à déterminer si elle représentait quelque chose ou non, mais je sentais que l’assemblage même des couleurs avait un sens profond qui parlait à ma sensibilité, qui me donnait pour la première fois plus à ressentir qu’à voir.</div><div class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8PAqcJogJVk73jsntoVjs2SjuJsQv42LmQ52A2iINbxkUdBztmkT2CGpZ1SSZHBoJLAzXXcOYo3t3VNzS8-hl0gLRJVvWAdFdPtev9e6pfa2HAsFc_LazbKXfVv_hbH_nTPrlMryf4d4/s1600/Sta%25C3%25ABl.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8PAqcJogJVk73jsntoVjs2SjuJsQv42LmQ52A2iINbxkUdBztmkT2CGpZ1SSZHBoJLAzXXcOYo3t3VNzS8-hl0gLRJVvWAdFdPtev9e6pfa2HAsFc_LazbKXfVv_hbH_nTPrlMryf4d4/s320/Sta%25C3%25ABl.jpg" width="204" /></a>On ne peut d’ailleurs pas vraiment parler de peinture abstraite en ce qui concerne Nicolas de Staël. Lui-même, après une incursion dans cette voie, se défendait ensuite de faire partie de cette mouvance. Ce qu’il y a d’étonnant chez lui, et qui s’est révélé à la lecture de sa vie, c’est cette insatiable soif de peinture. Il peignait non pour les autres mais pour lui, dans une sorte d’élan vital. Tellement vital qu’il en oubliait les autres fonctions qui servent tout d’abord à vivre, comme manger par exemple, et il préférait torturer ses tripes plutôt que de ne pouvoir acheter de la couleur pour ensuite la triturer sur la toile. Il est en cela l’exemple même de la passion, dans les différentes acceptions de ce terme. Passion propre à l’affect, qui se joue de l’homme et qui place, au-dessus de tout, les désirs qui débordent de lui. Passion dévorante, qui ne peut se contenter de vivre dans la mesure commune et qui porte celui qui lui est assujetti à l’autodestruction. Ainsi écrit-il, peu avant sa mort, à une ancienne amie de l’Académie des beaux-arts : « Depuis que “cela” se vend – qu’on me prend en considération – qu’on me dit sur la route de la célébrité, c’est foutu mon amie. Il n’y a plus rien. Cela se vide… J’ai perdu mon univers et mon silence. Je deviens aveugle. Ah, Dieu… revenir en arrière ! N’être personne pour les autres et tout pour moi-même… Si vous n’avez pas encore perdu votre monde gardez-le jalousement, défendez-le contre l’envahissement ; moi, j’en crève… ».</div><div class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><br />
</div><div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">Passion, courage, persévérance, pour arriver à devenir un grand dans son domaine, chacun nous apprend qu’il faut, à un moment ou à un autre (mais ce qui correspond finalement chez eux à un besoin, presque à une nécessité) se jeter dans le vide, en souhaitant que l’état d’apesanteur dure le plus longtemps possible…</div>Pierrehttp://www.blogger.com/profile/13538476702285877214noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-2304740765726653622.post-30554147882987800352011-02-11T06:54:00.000-08:002011-02-12T07:31:46.309-08:00Morgen<div class="MsoNormal">Il y a quelques années de cela, j’ai fait un voyage en Roumanie en « immersion » dans une famille roumaine. Au premier petit déjeuner, le père de famille m’a proposé quelque chose que je n’ai pas tout de suite compris : pálinka. Après traduction, il s’agissait d’un alcool fort, en fait l’équivalent de la fameuse "prune" de nos campagnes qui est encore fabriquée çà et là par les derniers bouilleurs de cru. Je ne me sentais pas de refuser, et je n’ai pas été déçu car en plein mois d’août caniculaire, elle réchauffait bien !</div><div class="MsoNormal"><br />
</div><div class="MsoNormal">Quelques jours plus tard, alors que l’on voyageait en faisant du camping sauvage au bord des rivières roumaines, la tradition vite instaurée voulait qu’avant chaque dîner le père de famille et moi-même partagions un verre de la dite pálinka. Un soir je lui refusais ce plaisir, je ne me souviens plus pourquoi, fatigue ou mal de tête. Ce petit homme jovial, un peu rondouillard et affable m’a alors regardé gravement en me disant : « Il faut boire, cela fait oublier la misère »…</div><div class="MsoNormal"><br />
</div><div class="MsoNormal">Alors évidemment à ce mot de pálinka, prononcé dans une des premières scènes du film <i>Morgen</i> ("demain" en allemand) de Marian Crisan, ces souvenirs aussitôt sont remontés dans ma mémoire. Le héros, Nelu, en propose à celui qui devrait réparer son toit. Mais dans un pays comme la Roumanie, et surtout lorsque chacun se bat pour surnager au-dessus de la pauvreté, tout se monnaie d’une manière ou d’une autre. Nelu le sait bien et se méfie autant qu’il peut des personnes qui essaieraient de profiter de lui.</div><div class="MsoNormal"><br />
</div><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcScn1y_1Okkav8-nNvUj2mNCOzIhL8CGrkK8R_e8S5OO7OkZ0MeMtA79PAOrPT2XyY4pHcPmGha_FnlXuS0KcC3olHCj4v5_Z3AD4pGnG8_Iz_SrNb3AW3BGum5ZEg2dUeVoNfyMfVxk/s1600/morgen_01.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" height="214" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcScn1y_1Okkav8-nNvUj2mNCOzIhL8CGrkK8R_e8S5OO7OkZ0MeMtA79PAOrPT2XyY4pHcPmGha_FnlXuS0KcC3olHCj4v5_Z3AD4pGnG8_Iz_SrNb3AW3BGum5ZEg2dUeVoNfyMfVxk/s320/morgen_01.jpg" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span class="synopsis">Yilmaz Yalcin, migrant turc dans <i>Morgen</i> </span></td></tr>
</tbody></table><div class="MsoNormal">Vigile dans une chaîne de supermarchés discounts allemands de la petite ville frontière où il habite, on le voit tel un super-héros de pacotille enfiler à plusieurs reprises le pantalon rouge et la chemise jaune siglée "Predator Security". Déjà, dans le magasin, il aide les gens comme il peut, clients comme magasiniers. Ce qui manque à sa vie, c’est probablement cette vocation d’aide, qui va se dévoiler lorsqu’un migrant turc l’implore, sans que ni l’un ni l’autre ne parle la même langue, de l’aider à franchir la frontière pour partir rejoindre sa famille en Allemagne.</div><div class="MsoNormal"><br />
</div><div class="MsoNormal">Nelu le cache tout d’abord, puis finit par aider cet étranger, véritable moulin à paroles mais qui arrive de ce fait à faire si bien comprendre sa détresse. Il ne le secoure pas "gratuitement", mais à partir du moment où il accepte l’argent de ce petit bonhomme, il se sent comme investi d’une mission. <i>Morgen</i>, c'est le mot leitmotiv que Nelu le roumain répète à Behran le turc, le jour d'après, celui des lendemains qui chantent, du moins faut-il l'espérer. Mais il ne s’agit pas dans ce film de montrer simplement quelqu’un venir au secours d’un autre, c’est aussi la révélation d’une amitié, d’une compréhension entre les êtres qui dépasse la parole, ce qui en soi n'a pas de prix. </div><div class="MsoNormal"><br />
</div><div class="MsoNormal">On a souvent envie de rire, on rit d’ailleurs mais en étant un peu gêné, car tout le film baigne entre ces deux pôles que sont le tragique et le ridicule. De la première à la dernière scène qui se répondent comme dans un jeu de miroirs, c’est l’absurde qui baigne la vie des personnages, qui l’acceptent car ils n’ont pas d’autre choix… Et cependant, c’est en faisant le choix d’aider un homme à franchir une frontière, en devenant hors-la-loi, que Nelu devient un héros, et se découvre un ami. Il faut croire en l’autre, c’est le seul rempart à la misère humaine… </div>Pierrehttp://www.blogger.com/profile/13538476702285877214noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-2304740765726653622.post-2817429407946994742010-12-23T12:07:00.000-08:002011-01-04T05:01:20.779-08:00Impressions d'une exposition<div style="text-align: left;">Cela arrive quelquefois qu’un lieu, une phrase, un geste viennent vous évoquer différentes choses et trouvent comme objets de résonance votre passé, votre expérience ou votre conscience. Cela m’est arrivé récemment en parcourant les salles de l’exposition intitulé « L’Or des Incas » qui se tient en ce moment à la pinacothèque de Paris. C’est la troisième fois, après celles sur Valadon et Utrillo il y a deux ans et celle sur Edvard Munch l’année dernière que je me rends dans ce lieu, et j’en apprécie globalement la qualité, tant sur le plan de la scénographie que sur celle des œuvres présentées. </div><div style="text-align: left;">Il y a cependant quelques maladresses dans cette dernière, comme celle commune à nombre d’expositions à l’heure actuelle qui consiste à mettre le strict minimum d’explication à côté des œuvres, cherchant à pousser ainsi le visiteur à ré-ouvrir son porte-monnaie pour avoir un audio-guide. On peut aussi critiquer la mise en place de certains objets, pour lesquels il vaut mieux faire un mètre vingt pour bien les observer, mais disons que cela a certainement été pensé pour les enfants… Certaines salles font en outre part de leur vacuité, comme celle des instruments de musiques où il y a plus de textes sur les murs que d’objets présentés, et une meilleure mise en place aurait pu éviter cela. Quant au texte, il y en a, mais essentiellement historique, pas assez concis pour être efficace et appelant le visiteur à une gymnastique, non seulement pour le voir derrière les personnes agglutinées devant, mais également pour le relier aux œuvres présentées…</div><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; margin-left: 0px; margin-right: auto; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTgRcC-hRx8nqSLosX_r7MZp38yFsFCKpbzqJbBgK8J9bGOK_yOshLyw4CKLrvlkt5QSBpszPu33qB7aF8ARyKL8MfIzeGMQtS0JNcId3RpnMfWbzfGPYOgpwAbvH10Mi4ft1IxMmP0hQ/s1600/Ornement.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTgRcC-hRx8nqSLosX_r7MZp38yFsFCKpbzqJbBgK8J9bGOK_yOshLyw4CKLrvlkt5QSBpszPu33qB7aF8ARyKL8MfIzeGMQtS0JNcId3RpnMfWbzfGPYOgpwAbvH10Mi4ft1IxMmP0hQ/s320/Ornement.jpg" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Couteau rituel sicán en or</td></tr>
</tbody></table><div style="text-align: left;">Une de mes premières impressions a été la tristesse. Je ne pouvais m’empêcher en regardant ces objets, pour beaucoup retrouvés récemment dans des sépultures et qui ont réchappé au pillage des conquistadors, de voir là, sous mes yeux, les miettes d’une civilisation détruite par l’occident, de penser que les ors qui décorent les monuments d’Espagne et d’Europe sont ceux fondus des objets et reliques de ces peuples qui ont été, pour ce précieux métal, massacrés. Notre civilisation est bien immonde… </div><div style="text-align: left;">Et puis au détour d’une salle sont venus les rituels de ces civilisations, consistant entre autre en offrandes de vêtements, de nourriture, de sacrifices humains. M’est alors revenu en mémoire cette planche des <i>Idées noires </i>de Franquin. On y voit, en haut d’une pyramide, un prêtre inca massacrer des hommes les uns après les autres, sortant de leurs poitrines leurs cœurs palpitants et les présentant au dieu soleil. La conclusion de Franquin : vous savez, ce phénomène que nous appelons les éruptions solaires, en fait c’est le soleil qui dégueule en nous regardant. L’humanité, où que l’on se trouve, n’est pas toujours bien reluisante… </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhckmMd248Chaj-UK9-9XV2LdBSWGw3e2hzl2xrLJkkgQxt9L1sC4xPZpO_wXLtTHx8aPcIoc7cSwlWL5Y0kFL3pSTw76d9DBzMEftmAgl294izKBdHnu43UFV37143o3htFAry7I-poNU/s1600/citedor.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhckmMd248Chaj-UK9-9XV2LdBSWGw3e2hzl2xrLJkkgQxt9L1sC4xPZpO_wXLtTHx8aPcIoc7cSwlWL5Y0kFL3pSTw76d9DBzMEftmAgl294izKBdHnu43UFV37143o3htFAry7I-poNU/s320/citedor.jpg" width="320" /></a></div><div style="text-align: left;">Entre ces impressions pourtant, émaillant toute l’exposition, un souvenir d’enfance, celui du dessin-animé <i>Les mystérieuses cités d’or</i> : en voyant un quipu, ces nattes tressées de nœuds et servant probablement de système de comptabilité, que seule Zia pouvait déchiffrer ; en contemplant ces objets si finement ciselés qu’ils semblent appartenir à une civilisation très avancée, comme l’empire de Mu dont Tao se disait le dernier descendant… Je sors de l’exposition avec un sentiment étrange, mélange de toutes mes impressions, une femme dans le hall appelle son fils : Esteban, viens ici !<br />
Je souris.</div>Pierrehttp://www.blogger.com/profile/13538476702285877214noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2304740765726653622.post-12742055826713196972010-11-11T14:47:00.000-08:002010-11-12T02:36:48.133-08:00Toussaint<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Veille de la Toussaint, je n’y pense même pas, et pourtant je suis décidé à me rendre au cimetière de Montmartre. J’ai pris mon appareil photo, je sais que la dernière fois que je m’y suis rendu, j’ai été subjugué par une statue funéraire. C’est un art dont on parle peu, la mort n’est pas forcément vendeuse, du moins seulement ponctuellement. Les arbres ont pris une belle couleur jaune, cela ne durera pas éternellement, il faut profiter du moment. </span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><br />
</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Je n’ai pas relevé le nom de l’artiste, pourtant j’ai tourné pudiquement autour de la tombe pour aller y lire son autographe. Je n’ai pas retenu non plus le nom de la personne qui a mérité un aussi joli mausolée, la beauté important à mon avis toujours plus que la taille. Oui, j’ai dit pudiquement, car malgré tout je me sens gêné de prendre ainsi des photos dans un lieu qui soutient le souvenir jusqu’à temps que celui-ci disparaisse. Lorsque je butte contre une tombe, je ne peux m’empêcher de dire « pardon », pas de manière automatique comme cela se fait quotidiennement dans les incessantes bousculades du métro, mais avec plus de respect finalement pour les morts que pour les vivants. Et pourtant je souris lorsque je vois une tombe ouverte sur le côté, et transformée à l’intérieur en tanière pour chats, avec tout ce qu’il faut de mou et de croquettes pour tenir au moins sept vies.</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><br />
</span></div><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEia0UpnbQEg2xlCOMucWIFTMEO9lRRJRAcCHT78JdRKWsBu8qS6rTGcGElZN3UcOTK8lRACDlgxwDLKI5gKFtk8crdauBtFgfmOX27IXVF4knJ-Z_jBV9Djo17P8MRowDBqEO90HRh5pPE/s1600/IMG_1041.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEia0UpnbQEg2xlCOMucWIFTMEO9lRRJRAcCHT78JdRKWsBu8qS6rTGcGElZN3UcOTK8lRACDlgxwDLKI5gKFtk8crdauBtFgfmOX27IXVF4knJ-Z_jBV9Djo17P8MRowDBqEO90HRh5pPE/s320/IMG_1041.JPG" width="320" /></a></span></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: small;">© P.-O. Lhermite</span></td></tr>
</tbody></table><div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">La statue représente une femme vêtue d’un seul grand voile de deuil, qu’elle laisse impudiquement ouvert sur sa poitrine. Il n’y a plus pour elle de pudeur à avoir, la mort a emporté l’être cher. Plutôt que de retenir le voile avec ses mains pour cacher sa chair nue, de l’une elle se soutient pour ne pas s’affaisser sur la pierre tombale, de l’autre elle cache son visage que l’on imagine en larmes. Il y a dans cet abandon nulle faiblesse telle que l’on peut l’entendre normalement, mais la force de la vie qui a besoin d’évacuer toute la tristesse contenue.</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><br />
</span></div><div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;"><span style="font-size: small;"><br />
</span></div><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-left: 1em; text-align: right;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjVVa26NHiIjOBsxZy3eS6dyxuqFWtPZrmv5KmI0P2Yzs6TLai41dJSiIrMTfJAsqisPAoofnSFU-71w11fwmYbi6at55-Pf6whFqxfWb9RHdabNPZaGIdFDFhyphenhyphenEGvRn8XSAkdEYK0h3Gc/s1600/femmefrileuse.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjVVa26NHiIjOBsxZy3eS6dyxuqFWtPZrmv5KmI0P2Yzs6TLai41dJSiIrMTfJAsqisPAoofnSFU-71w11fwmYbi6at55-Pf6whFqxfWb9RHdabNPZaGIdFDFhyphenhyphenEGvRn8XSAkdEYK0h3Gc/s320/femmefrileuse.jpg" width="163" /></a></span></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: small;">Musée Fabre/Montpellier</span></td></tr>
</tbody></table><div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Je ne peux m’empêcher de penser, en la regardant, que l’artiste s’est peut-être inspiré d’un marbre allégorique de Jean-Antoine Houdon, <i>L’Hiver</i> ou <i>La Frileuse</i>. En effet, c’est un même voile posé sur la tête de la jeune-fille qui lui sert de seul habit, mais que celle-ci ramène sur sa poitrine, le visage penché et les épaules un peu voûtées par le froid, laissant quand bien même ses fesses sans nulle protection. Cela pourrait être aussi bien une jeune fille sortant du bain, mais auprès d’elle se trouve une vasque que le gel a fait exploser et dont quelques morceaux jonchent le sol à ses pieds. Le reste tient par l’effet de l’eau gelée qui garde, comme une empreinte, les lignes du vase.</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><br />
</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Inspiré ou non, l’artiste funéraire a repris le même symbole, celui de la jeune-fille voilée, figure de deuil d’un hiver éternel au-dessus duquel la vie éclate dans toute la douleur, l’oubli de soi et la volonté malgré tout de ne pas fléchir. Il faut parfois se rendre dans un cimetière pour avoir des preuves de vie.</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><br />
</span></div><div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il n’y a presque plus de feuilles aux arbres…</span></div>Pierrehttp://www.blogger.com/profile/13538476702285877214noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-2304740765726653622.post-3851793977478543972010-09-11T07:40:00.000-07:002010-11-11T15:25:16.397-08:00Art de rue – la culture de l’éphémère<div class="MsoNormal" style="font-family: Verdana,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il y a des formes d’arts qui, volontairement, sont faites pour être là pour un moment, une heure, une journée ou peut-être plus, mais qui presque irrémédiablement disparaissent. L’art qui se peint, s’écrit, s’affiche sur les murs de nos villes est celui que l’on voit le plus fréquemment, ou tout du moins le perçoit-on au fil de nos pas comme une sorte d’empreinte visuelle. Peut-être parce que c’est un art qui s’introduit dans notre quotidien et qui n’est pas, comme par exemple, la sculpture sur glace en hiver, les modelages de sable sur les plages en été, associé à une saison, un temps et une certaine idée de « noblesse » intégrés souvent par notre esprit et pour lesquels nous sommes souvent plus réceptifs.</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Verdana,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Les œuvres des rues demandent une autre attention de notre part, et sont là – du moins j’imagine que c’est un des buts qui guide les artistes qui les produisent – pour nous faire sortir de notre quotidien, nous interpeller, créer en nous des associations entre ce que l’on voit, le milieu dans lequel elles se trouvent et notre propre fond culturel auquel ces objets d’art renvoient, selon la diversité des expériences de chacun. </span></div><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; font-family: Verdana,sans-serif; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-VEr9_NSKLktY2880oxZwXrHwV6EWeIpojJ05cbWtIG_Rgu-c2Ep5-tc7qodZYPql2DZ0gXJbgvL-duiWCWfq8YozU2vrRLinpwgzJfbbtBkiVD3NUv8SzD_L6Cbkpx_8QKELnmqoDqw/s1600/Rue+Lemercier+001.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-VEr9_NSKLktY2880oxZwXrHwV6EWeIpojJ05cbWtIG_Rgu-c2Ep5-tc7qodZYPql2DZ0gXJbgvL-duiWCWfq8YozU2vrRLinpwgzJfbbtBkiVD3NUv8SzD_L6Cbkpx_8QKELnmqoDqw/s320/Rue+Lemercier+001.jpg" /></a></span></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: small;">© P.-O. Lhermite</span></td></tr>
</tbody></table><div class="MsoNormal" style="font-family: Verdana,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Dans les rues de Paris, et probablement dans bien d’autres villes de France et de Navarre, fleurissent en ce moment des œuvres sous forme de collages papier, représentant généralement une figure humaine, accompagnées parfois d’un autre collage sous la forme d’une « bulle » de texte. Il y a un ou deux mois, en me promenant dans la rue Lemercier dans le 17<sup>e</sup> arrondissement, j’ai pris en photo plusieurs de ces « assemblages ». Je parle d’assemblage car un même pan de mur regroupe souvent plusieurs collages qui, volontairement ou non, s’associent. L’un d’eux représentait – car il a désormais disparu – un personnage féminin, avec une robe moderne dans l’association d’une capuche et de poches, mais qui, par sa coupe et l’emploi d’une seule couleur, a un certain côté intemporel. Cette figure est féminine sans exagération, une légère forme de seins et de hanches, sans rien d’ostentatoire. À ceci s’associe la position du visage, de profil et incliné sur la gauche, et celle des mains venant se loger dans les poches, créant des plis sur le bas du ventre et permettant, tout comme les plis de la capuche, de donner du mouvement à la composition. L’expression du visage jointe à son inclination indique, en quelques traits légers pour la bouche et le seul œil droit, une réflexion empreinte de mélancolie. Cette attitude est soulignée par le cartouche qui passe légèrement sur l’arrière du crâne, comme l’expression dévoilée d’une pensée intérieure : « Love should be a color », l’amour devrait être une couleur.</span></div><div style="font-family: Verdana,sans-serif; text-align: justify;"></div><div style="font-family: Verdana,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Deux couleurs ressortent de l’œuvre, qui l’une et l’autre sont à l’opposé dans le cercle chromatique, le vert de la robe et le rouge-orange – ou le roux de la mèche de cheveux de la jeune femme. Couleur chaude, couleur froide, il y a dans cette association même toute l’interrogation posée. Elles correspondent soit pour le vert au bonheur, à une certaine forme de tendresse, et pour le rouge à la passion, au désir. Le bonheur est-il un vêtement dont on se couvre pour échapper aux flammes de la passion qui couvent en-dessous ? </span><span style="font-size: small;">L’amour est-il une combinaison de ces deux couleurs ? </span><span style="font-size: small;">L’œuvre pourrait vouloir dire que non. En effet, si on mélange le vert et le rouge, on obtient du gris, comme si les sentiments auxquels ces couleurs s’associent ne pouvaient donner ensemble qu’une sorte de marasme, d’amour sans vie. D’où la mélancolie, qui sait aussi, la résignation du personnage qui, les deux poings dans les poches, semble également se protéger en se refermant sur lui-même. Le sentiment d’amour devrait être une couleur, mais qui n’existe pas, ou alors entre le vert et le rouge, avant de se fondre dans le gris des murs de nos villes, et de disparaître…</span></div>Pierrehttp://www.blogger.com/profile/13538476702285877214noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-2304740765726653622.post-11778526818659682872010-07-26T13:53:00.000-07:002010-11-11T15:30:00.340-08:00L'autre et le monde<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgh3OmxLFAyvT1kJLJLX7hZDZhYkaOATb87jb43OtJcCOHHDb7-2Zo8vlluO_5NmleOlw4pqA8VO77FlneEz1Yfyvl8jpdFXSWe1Ov629DMf0B0AZQd4wYjq1x1lZy70nnChEkz4LgxRJM/s1600/MetisseBlanche.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgh3OmxLFAyvT1kJLJLX7hZDZhYkaOATb87jb43OtJcCOHHDb7-2Zo8vlluO_5NmleOlw4pqA8VO77FlneEz1Yfyvl8jpdFXSWe1Ov629DMf0B0AZQd4wYjq1x1lZy70nnChEkz4LgxRJM/s320/MetisseBlanche.jpg" /></a></div><div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Je viens de mettre la <i>Gnossienne n°1</i> d'Eric Satie pour écrire ce petit commentaire du très beau diptyque de livres de Kim Lefèvre, <i>Métisse Blanche</i> et <i>Retour à la saison des pluies</i>. Il faut parfois un cadre sonore pour écrire, et celui-là correspond pour moi, du moins en partie, au ressenti de la lecture de cette autobiographie. Il y a dans la musique de Satie ce même mélange de mélancolie et de tristesse, allié à une forme d'espérance en ce qui va suivre... </span></div><div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">"Batârde", née des amours sans lendemain d'une mère vietnamienne et d'un soldat français, l'enfant tout d'abord, puis la jeune femme auront à lutter contre le racisme et les préjugés. Il s'agit là d'un combat, sans véritable victoire possible, face à la stigmatisation de la différence qu'elle porte à même la peau, seule chose dont il est difficile de jamais pouvoir se défaire.</span></div><div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Son combat, elle le livre au quotidien, dans la maison familiale ou son parâtre l'a reconnue administrativement mais la considère comme une mauvaise graine ; dans la rue, avec les autres enfants, en essayant d'abroger son altérité physique ; dans tous les rapports que l'on dit humain en général, à l'orphelinat, au pensionnat, à l'université ; bien entendu, de manière sous-jacente, il y a aussi une lutte perpétuelle avec elle même. Cette guerre, elle la livre seule contre tous, alors que de loin en loin parviennent les échos parfois violents, parfois étouffés d'une autre guerre, celle que l'on dit d'Indochine.</span></div><div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il y a cependant dans la parole de Kim Lefèvre quelque chose d'universel et qui peut, qui doit éveiller quelque chose en chacun d'entre nous. Elle révèle sans fausse-pudeur les peurs de son enfance, les émois de son adolescence, les doutes de son âge adulte. Il ne s'agit pas de retrouver seulement dans ses lignes le goût et les saveurs d'un sud lointain mais bien de faire un pas, au fil des pages et à la suite de la narratrice, vers cette quête d'humanité à laquelle il est bon d'essayer de tendre.</span></div>Pierrehttp://www.blogger.com/profile/13538476702285877214noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-2304740765726653622.post-19674199804974038252010-04-02T08:53:00.000-07:002010-11-11T15:31:01.676-08:00Miossec, Olympia, Paris, 24 mars 2010<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpHQ7uyGfcz8F9B8tbQKFRswGeyKL1jQOSLtSPlT5yMDyLnFLW3aXjGnzMuiDXfW86gRot4Hrgpv8J1F-bazHR0yHa0WkoN109jDrAh6CRXGCtIrtt1xknn-e-Y5qZ4ZEguhPxiG6eEjY/s1600/miossec-finisteriens-cover.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpHQ7uyGfcz8F9B8tbQKFRswGeyKL1jQOSLtSPlT5yMDyLnFLW3aXjGnzMuiDXfW86gRot4Hrgpv8J1F-bazHR0yHa0WkoN109jDrAh6CRXGCtIrtt1xknn-e-Y5qZ4ZEguhPxiG6eEjY/s320/miossec-finisteriens-cover.jpg" /></a></div><div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Quand on suit un chanteur depuis ses premiers albums, quand on a passé toute la première partie de sa vie d’adulte à écouter ses textes âpres et poétiques, on ne peut qu’être impatient de le voir pour la première fois sur scène, d’autant plus lorsqu’il s’agit de l’Olympia. Cependant, quand on sait que ce dernier est capable d’arriver devant son public dans un état d’ébriété avancé, ne tenant même pas sur une chaise et terminant le concert couché par terre ; quand celui-ci, breton avant tout, a déjà demandé au public de la capitale s’il y avait des parisiens dans la salle, et après les cris enthousiastes, lui gueule : « Vous devriez avoir honte ! », on peut raisonnablement avoir quelques craintes sur le déroulement de la soirée.</span></div><div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><br />
</span></div><div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Il entre sur scène en s’aidant pour marcher d’une petite canne noire dont le pommeau lui arrive à la hanche. On se dit à le voir qu’il est probablement moins heureux que nous de se retrouver là, qu’il doit se sentir mieux dans son Finistère à écrire ses chansons plutôt que de faire la tournée de promotion de son album. Il commence à chanter, la voix est au rendez-vous, les textes pas toujours… En effet, on remarque un chevalet qui ne semble pas seulement là pour le bel hommage à Bashung en <i>Osez Joséphine</i>, mais également pour ses propres compositions. Ignore-t-il que pour nombre de ses admirateurs chacune de ses chansons est belle par l’agencement précis de ses mots, et que de le voir répéter deux fois à la suite le même couplet fait un peu mal au cœur. Lui qui cite volontiers les poètes, et notamment Georges Perros ; lui qui a, cela se sent, l’amour des mots, semble ne pas tenir à « sacraliser » ce qu’il écrit et n’y prête donc pas attention. </span></div><div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><br />
</span></div><div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Comme on aimerait cependant qu’il croit plus en lui et en ses textes. Peut-être n’aurait-il pas de ce fait à se défendre face à ces fans qui ne lui demandent que des chansons de ses deux premiers albums, comme si, dit-il lui-même, le meilleur de sa carrière était il y a 15 ans. Cependant, au fur et à mesure que le concert se déroule, il se passe quelque chose. Les chansons de ses deux derniers albums ressortent étrangement et lorsque le concert se termine, on n’a qu’une hâte, celle de réécouter <i>L’étreinte</i> et <i>Finistériens</i>. </span></div><div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;"><br />
</span></div><div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">« La mélancolie c’est communiste, tout le monde y a droit de temps en temps », merci à vous Christophe de partager la belle « vôtre » avec nous.</span></div>Pierrehttp://www.blogger.com/profile/13538476702285877214noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2304740765726653622.post-15259968471596509552010-03-22T10:03:00.000-07:002010-11-18T03:37:44.701-08:00La Piscine, le musée de Roubaix<link href="file:///C:/DOCUME%7E1/PIERRE%7E1/LOCALS%7E1/Temp/msoclip1/01/clip_filelist.xml" rel="File-List"></link><style>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"></div><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfmnLu-KmxlFgsIUO-N45ypi572oAo7yMErhJp_gG218cEqEEIqj3mMD5wXtrYmtU7ZooBcaWI2OqrCIw0hAfUNt4Foy5QVPRqaJ61B3YjK0Gya4jnsi1Ew-W17Wvuxkxy12M37l2RHH0/s1600-h/Lille+027.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfmnLu-KmxlFgsIUO-N45ypi572oAo7yMErhJp_gG218cEqEEIqj3mMD5wXtrYmtU7ZooBcaWI2OqrCIw0hAfUNt4Foy5QVPRqaJ61B3YjK0Gya4jnsi1Ew-W17Wvuxkxy12M37l2RHH0/s320/Lille+027.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif;">© P.-O. Lhermite</span></span></td></tr>
</tbody></table><br />
<div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: left;"><span style="font-size: small;">Connaissez-vous La Piscine de Roubaix. Probablement pas, et pourtant, il s’agit bien d’un des plus beaux musées de France. En effet, le musée s’est installé en lieu et place de l’ancienne piscine municipale au style art déco construite dans les années 1930.</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><br />
</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: left;"><span style="font-size: small;">Il est difficile de parler d’une architecture, et pourtant celle-ci vaut le détour. Vous entrez dans la Piscine par un petit couloir où il ne manque qu’un pédiluve, et vous vous retrouvez devant un bassin entouré de statues comme, on imagine, à la période la plus florissante de l’antiquité grecque. Pour y accéder, vous pouvez passer par une des cabines de douches avec vestiaires qui ont été laissées en l’état. Une tête de Neptune crache ses flots dans le bassin central et le bruit constant de l’eau vous rappelle ceux d’autres piscines, quand tout à coup des cris d’enfants, des bruits de jeux et d’éclaboussures raisonnent tout autour de vous. 10 secondes. Puis le calme revient, et vous vous abandonnez à la contemplation du lieu et aux œuvres qui y sont exposées.</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><br />
</span></div><table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: right; font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; margin-left: 0px; margin-right: auto; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhM8mTE6iNlrQ5qGgQiJwbPcrM2bu8s59oH2dL0EhwAN5LHnzI3VMWDF1ZJJiWr-B8WOdysdg6oReXCJQn9cMabOaLe8ga8XdFNY5AE5OINGBHsCvc3GQ_z06mKX3vwrVpaih4TB5bGDUs/s1600-h/Lille+028.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhM8mTE6iNlrQ5qGgQiJwbPcrM2bu8s59oH2dL0EhwAN5LHnzI3VMWDF1ZJJiWr-B8WOdysdg6oReXCJQn9cMabOaLe8ga8XdFNY5AE5OINGBHsCvc3GQ_z06mKX3vwrVpaih4TB5bGDUs/s320/Lille+028.jpg" /></a></span></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: small;">© P.-O. Lhermite</span></td></tr>
</tbody></table><div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: left;"><span style="font-size: small;">Car il ne s’agit pas seulement d’un lieu étonnant est magique et les œuvres qui y sont exposées ne sont pas simplement belles : l’accord entre l’un et les autres crée un effet de correspondance, un double effet de mise en valeur comme ces statues qui viennent se refléter dans l’eau. On passe d’un espace à un autre avec des cloisons aux ouvertures multiples, aux jeux de transparences dans les vitres, le tout éclairé par une lumière douce que déversent les très beaux vitraux situés à chaque extrémité de ce temple dédié à la culture. Peu d’endroits, hormis peut-être les cathédrales gothiques, offrent un tel effet où l’art est sublimé par l’espace et la lumière.</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><br />
</span></div><div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: left;"><span style="font-size: small;">Il est enfin drôle de regarder et d’écouter les gens qui s’y </span></div><div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: left;"><span style="font-size: small;">promènent, leur étonnement et leur admiration, surtout lorsqu’une dame d’un certain âge se retourne vers ses amis en leur disant : « Quand je pense que c’est là que j’ai appris à nager ! ».</span></div>Pierrehttp://www.blogger.com/profile/13538476702285877214noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2304740765726653622.post-86411909748383340062010-03-22T04:16:00.000-07:002010-11-12T05:41:42.477-08:00La couleur de l’aube, Yanick Lahens, roman<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzmAMGPvgYSiCNSk17PVJGazB-pxDd5sAXeFraHEMYfG4jAtm17Hu49j0p1i9XbTE2i_MgzCPnJx-K8PB98iNIa_e_ml4qgfceLXRxZnbIsfNeCaVxWLzjjVwm0MqjugpUOWzugNeQACo/s1600-h/La-couleur-de-l-aube.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzmAMGPvgYSiCNSk17PVJGazB-pxDd5sAXeFraHEMYfG4jAtm17Hu49j0p1i9XbTE2i_MgzCPnJx-K8PB98iNIa_e_ml4qgfceLXRxZnbIsfNeCaVxWLzjjVwm0MqjugpUOWzugNeQACo/s320/La-couleur-de-l-aube.jpg" /></a></div><div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Au dernier salon du livre de Paris, en mars 2009 donc, je me suis approché du stand des belles éditions Sabine Wespieser. Comme à l’habitude dans ce genre de manifestation, un livre placé en tête de gondole à moult exemplaires, et à une table ronde à côté, une dame discrète, l’auteur sans aucun doute, qui était là pour la séance de signatures. J’ai d’abord saisi un livre dans la pile, et trouvant le résumé intéressant et le titre attirant, <i>La couleur de l’aube</i>, je suis allé vers Yanick Lahens. Nous avons commencé à discuter, elle m’a dit qu’elle était venue exprès pour recevoir un prix. Je la félicitais naïvement car elle m’était parfaitement inconnue. Pour vous aussi peut-être, et pourtant je vous recommande ce très beau livre, qui avant le cataclysme qu’a subi son île, raconte la vie quotidienne, âpre et violente d’une famille, de deux sœurs, Angélique et Joyeuse, qui attendent le retour à la maison de leur jeune frère Fignolé. Par le croisement de leurs monologues intérieurs, par le quotidien de chacune au cours d’une journée à Port-au-Prince, Yanick Lahens peint de manière poétique la terrible réalité haïtienne. Comme le dirait Hugo, elle fait ressortir de la boue des rues sordides de la capitale haïtienne des perles d’humanité. </span></div><div style="font-family: Arial,Helvetica,sans-serif; text-align: justify;"><span style="font-size: small;">Un des mes premiers réflexes après le tremblement de terre fut de me renseigner par le biais d’internet sur son état de santé, et je fus rassuré de la savoir toujours vivante. Elle a même écrit une lettre ouverte, et je ne peux m’empêcher de citer ses mots : « Cet événement si éprouvant soit-il n’est pas parvenu à éteindre l’écrivain en moi qui se pose aujourd’hui plus que jamais les questions suivantes: quoi écrire et comment écrire ? (…) écrire ce n’est pas seulement tracer des mots, “il faut être plus fort que soi pour aborder l’écriture, il faut être plus fort que ce qu’on écrit”. J’essaie en ces jours difficiles d’accumuler un peu de cette force pour transcender l’événement et arriver de nouveau vers mes lecteurs avec des mots qui sauront les toucher comme des mains. »</span></div><br />
Lien : http://papalagi.blog.lemonde.fr/2010/02/10/comment-ecrire-et-quoi-ecrire-yanick-lahens/#xtor=RSS-32280322Pierrehttp://www.blogger.com/profile/13538476702285877214noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-2304740765726653622.post-67408148725696208052010-03-22T04:04:00.000-07:002010-11-12T05:43:48.611-08:00Un bout de chemin avec Mano Solo<link href="file:///C:/DOCUME%7E1/PIERRE%7E1/LOCALS%7E1/Temp/msoclip1/01/clip_filelist.xml" rel="File-List"></link><style>
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